Suivons notre cheminement pour couvrir tous les signes cliniques, symptômes et dysfonctionnements de l’organisme susceptibles de trahir une hypothyroïdie, tout en rappelant que nul patient ne souffre de tous ces problèmes à la fois. Un seul symptôme suffit pour créer un doute mais, bien entendu, plus on en détecte et plus la probabilité de se trouver en présence d’une insuffisance thyroïdienne grandit. Cependant, tout diagnostic final devra comporter des preuves biologiques objectives étayant les soupçons cliniques...
Nous en étions restés à l’insuffisance rénale et à l’anémie, des pathologies d’ailleurs liées entre elles, ce que nous n’avions pas encore précisé antérieurement. On mentionnera encore, parmi les perturbations de l’appareil urinaire, l’envie trop fréquente d’uriner surtout pendant la nuit (appelée pollakiurie nocturne), la rétention d’eau ou encore les œdèmes.
Ce thème revêt une grande importance car on le retrouve dans de nombreux cas et sous de multiples formes : bouffissure du visage, poches sous les yeux, paupières gonflées au lever, doigts boudinés (impossibilité de retirer les bagues), jambes enflées, chevilles gonflées, etc.
Pour être honnête, ces phénomènes ne relèvent pas uniquement d’une faiblesse des reins mais surtout d’une combustion insuffisante des déchets métaboliques, conséquence du rôle de brûleur de graisses joué par l’hormone thyroïdienne active T3. Il découle de l’activation de l’enzyme fixant la L-carnitine sur les acides gras, autorisant ainsi leur importation dans les petites chaudières cellulaires productrices d’énergie sous forme d’ATP (mitochondries).
Dans le même esprit, on retrouve chez beaucoup de sujets hypothyroïdiens ce que l’on appelle des syndromes canalaires, c’est-à-dire la compression de petits défilés osseux et ligamentaires par où passent certains nerfs. L’exemple le plus connu consiste en un syndrome du canal carpien où les mains s’endorment (surtout la nuit) suite à la compression du nerf médian au niveau du poignet. Cela ne sert à rien d’opérer ces patients (souvent bilatéralement): la correction de l’hypothyroïdie suffit généralement à les guérir!
La transition avec le trouble suivant, un énorme classique de l’insuffisance thyroïdienne, coule de source: l’hypercholestérolémie bien trop souvent «traitée» avec des statines alors que la rééquilibration thyroïdienne normalise à tous les coups (ou presque) les taux de cholestérol, pour autant qu’on corrige un tant soit peu la diète. Comme pour les autres liens cités, vous retrouverez toutes les preuves scientifiques sur mon site internet www.gmouton.com (rubrique « Conferences – Functional Hormonology – Thyroid»).
Abordons dès lors, selon un enchaînement logique, les pathologies cardiovasculaires: leurs liens avec l’hypothyroïdie sont reconnus, que ce soit l’athérosclérose (artères bouchées), les coronaropathies (où ce sont plus spécifiquement les coronaires qui sont atteints) ou l’hypertension artérielle. Il est intéressant de souligner que l’hypertension résultant d’une faiblesse thyroïdienne touche en premier lieu la pression diastolique (la valeur basse mesurée lorsqu’on vous prend la tension). On devine aisément les stimuli conduisant à ces troubles: accumulation du cholestérol et de divers déchets métaboliques, rétention d’eau et même augmentation de l’homocystéine (hyperhomocystéinémie, facteur de risque connu).
Toujours suite au rôle d’activateur métabolique des hormones thyroïdiennes, on trouvera aussi une hypertriglycéridémie ou hausse des triglycérides, ces graisses élaborées exclusivement à partir des sucres et des féculents. Voilà encore un facteur de risque cardiovasculaire supplémentaire auquel s’ajoute, chez certains, une tendance accrue à développer un diabète gras (ou diabète de type 2) sur fond de résistance à l’insuline.
D’ailleurs, les cliniciens connaissent bien le lien avec les hypoglycémies, largement favorisées par l’insuffisance thyroïdienne (tout comme par l’insuffisance surréna- lienne). Rappelons que ces sensations de faim et de faiblesse générale ne doivent pas entraîner la prise de sucres rapides, ni même de féculents absorbés seuls. Une poignée d’oléagineux (amandes, noix) ou une boîte de sardines solutionneront tout aussi bien ce «coup de mou»!