L’incroyable aventure des têtards détecteurs de la pol- lution chimique vous est contée dans l’article du mois de février 2013: sur le site www.gmouton.com, cliquez sur «Article du mois». Vous découvrirez ainsi la meilleure manière de repérer d’infinitésimales quantités de xénobiotiques dans les eaux usagées, car ils bloquent les récepteurs aux hormones thyroïdiennes actives T3: plus sensible, plus fiable, moins cher!
Le but ici n’est pas de trouver un moyen ingénieux pour évaluer la propreté des eaux mais bien de vous démontrer le rôle désastreux joué par cette longue liste de polluants sur notre fonction thyroïdienne. Il nous reste à parler de trois substances: PFOA, PFOS et phtalates.
L’acide perfluorooctanoïque (PFOA) est synthétisé par l’industrie depuis les années 1940 en tant que tensioactif pour stabiliser les émulsions. Extrêmement stable, il persiste indéfiniment dans l’environnement en polluant insidieusement l’eau et les aliments. On lui reconnaît des liens avec les pathologies thyroïdiennes: voir la conférence «Thyroid & Xenobiotics» sur mon site internet (section «Conferences / Functional Hormonology»). En plus, ce xénobiotique réduit la fertilité et entraîne des maladies congénitales; il favorise certains cancers et contribuerait même au développement des maladies cardiovasculaires.
Le perfluorooctane sulfonate (PFOS) appartient à la famille des composés perfluorés: il est détecté dans l’environnement tout comme dans les organismes vivants. L’arrêt volontaire de sa production dès 2002, pour des raisons de toxicité grave (notamment thyroïdienne), n’empêche pas sa détection partout à la surface du Globe, même au Canada qui n’en a jamais produit et jusqu’aux terres soi-disant inviolées de l’Arctique canadien!
Les phtalates ont été fabriqués industriellement en tant que plastifiants depuis les années 1950. Ils sont très utilisés pour rendre les matières plastiques plus souples. Transparents, incolores et quasiment inodores, on les emploie énormément dans les cosmétiques pour améliorer le pouvoir de pénétration cutanée des principes actifs. Quasiment tous les produits à base de polychlorure de vinyle (PVC) en contiennent, autant dire tous les emballages alimentaires et les jouets. Les phtalates migrent facilement depuis la pellicule de plastic souple qui enrobe les aliments gras, comme les viandes et les fromages. Suite à leur dangerosité, leur interdiction se généralise en Europe mais, hélas, pas encore en Asie. Ils exercent une action antithyroïdienne chez la femme enceinte et chez les sujets masculins, selon des études américaines : voir les diapositives correspondantes. Ces effets perturbateurs endocriniens nuisent aussi à tout ce qui concerne la reproduction humaine: baisse de fertilité, mortalité fœtale, malformations fœtales, réduction du poids du fœtus...
On le comprend, ce n’est pas étonnant de constater de plus en plus de cas d’insuffisance thyroïdienne de nos jours! Les agresseurs chimiques sont légion, notamment parce que de nombreux composés chimiques très courants possèdent les deux cycles de 6 atomes de carbone typiques de nos hormones thyroïdiennes. Il en résulte des interférences complexes avec la fabrication des hormones par notre glande et avec leur fixation sur les récepteurs correspondants. Depuis la généralisation des pesticides et des herbicides, nous affrontons une véritable guerre chimique contre la fonction thyroïdienne des humains et des animaux.
La situation n’a fait qu’empirer depuis tous les développements de l’industrie du plastique et on peut certainement affirmer que le déferlement des retardateurs de flamme bromés constituera le coup de grâce pour nos glandes thyroïdes aux abois. Pour résister à tout cela, il faut vraiment bénéficier d’une glande thyroïde au top! En outre, nous devons souligner à quel point les perturbateurs endocriniens bouleversent la santé humaine : évoquons encore le bisphénol A qui présente une multitude d’effets toxiques et dont l’omniprésence dans les plastiques (libération par le chauffage) contribue à l’épidémie mondiale d’obésité.