Le manque de cortisol, principal glucocorticoïde sécrété par les corticosurrénales, se traduit par des symptômes très variables d’une personne à l’autre. Cette particularité compte pour beaucoup dans les difficultés qu’ils éprouvent pour identifier l’origine de leurs souffrances, d’ailleurs rarement comprises par une majorité de médecins.
Vu l’implication de cette maître hormone dans le métabolisme basal, on rencontrera souvent de la fatigue (qui peut devenir un épuisement total dans les cas avancés) et une prise de poids (qui bascule vers la perte de poids dans les cas sévères). On retrouve ces mêmes symptômes aspécifiques dans l’insuffisance thyroïdienne, tout en soulignant la fréquence de faiblesses glandulaires combinées associant thyroïde et surrénales.
On peut parfois soupçonner l’origine du manque d’énergie : la fatigue du matin (lever typiquement « à l’arraché ») est plutôt thyroïdienne et la fatigue de la fin d’après-midi est surtout surrénalienne. Cette dernière forme s’aggravera en cas de stress quel que soit le moment de la journée, ce qui constitue un élément classique du déficit en cortisol.
D’autres symptômes se rencontrent à la fois dans le manque de cortisol et dans celui en hormones thyroïdiennes: difficulté pour se concentrer, brouillard cérébral (le fameux «foggy brain» des anglo-saxons), mauvaise mémoire, vertiges, plus parfois une certaine agitation compensatoire mais conduisant à de la confusion et à une piètre efficacité.
Heureusement, la faiblesse des glucocorticoïdes débouche souvent sur des symptômes plus spécifiques qui permettent de mieux orienter le diagnostic. C’est le cas des crises d’hypoglycémie (mais, décidément, celles-ci se rencontrent aussi plus fréquemment chez les hypothyroïdiens). Cette expression définit des malaises soudains qu’on cherche le plus souvent à corriger par la prise d’aliments sucrés, une grave erreur qui alimente directement la crise suivante et, bien entendu, épuisera davantage la fonction glucocorticoïde...
L’hypotension orthostatique constitue un autre excellent symptôme relevant bien de l’insuffisance en cortisol, tout comme les palpitations en soirée et encore davantage au coucher, parfois de véritables crises de tachycardie. Il ne faut pas les confondre avec les palpitations survenant de façon aléatoire, jour ou nuit, chez les sujets hypothyroïdiens dont le traitement hormonal est mal dosé (en excès). Les deux types de palpitations peuvent aussi coexister chez le même sujet dont on n’a pas reconnu l’insuffisance surrénalienne.
Parmi les signes cliniques évoquant un cortisol bas, on mentionnera une peau froide et moite (mais on rencontre aussi des extrémités froides, mains et pieds plus parfois nez, chez les insuffisants thyroïdiens), voire de l’hyperpigmentation de la peau qui constitue alors un signe quasiment pathognomonique du déficit en glucocorticoïdes (c’est-à-dire ne se rencontrant que dans cette pathologie). Il s’agit de marques brunes sur les coudes ou les genoux, de lignes de la paume des mains plus foncées, de vergetures brunâtres. Enfin, très utile pour établir le diagnostic : une tendance anormale (pour le sujet considéré) à bronzer plus rapidement, rendant cette capacité bien moins sympathique qu’on pouvait l’espérer!
On notera aussi, chez certains patients, des pulsions salées (mais devenant plutôt sucrées à l’approche des hypoglycémies), des envies d’épices fortes, une addiction vis-à-vis de la caféine, voire pour du tabac et envers d’autres stimulants. Chacun cherche instinctivement à compenser le manque de cortisol, une hormone pouvant être dosée dans le sang, dans la salive ou – sous forme de ses différents métabolites issus de la détoxification hépatique – dans les urines de 24 heures, où on les désigne comme la famille des 17-hydroxystéroïdes.
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